Autonomisation des femmes dans le FOLON, l’arachide à l’honneur

KANIASSO

La population de la région du Folon située au nord-ouest de la Côte d’Ivoire constituée des départements de Kaniasso et de Minignan connait un engouement véritable depuis quelques semaines. En effet, 09 groupements de femmes bénéficient d’un fond de roulement dans le cadre de la mise en œuvre d’un projet qui vise à permettre aux femmes, aux jeunes filles et aux communautés d’anticiper et de prévenir leur vulnérabilité face aux actes d’instabilité et à tout conflit interne. Du 10 au 11 Novembre 2016, ces localités ont reçu une mission conjointe ONUFEMMES, Ministère de la Promotion de la Femme, de la famille et de la protection de l’enfant (MPPFPE), du Ministère de l’Intérieur et du Ministère de la Défense dans le cadre d’une mission de suivi. Au cours de ces rencontres, les bénéficiaires ont exprimé leur joie d’être les élues pour la réalisation d’un projet d’une telle envergure. Découvrons deux groupements qui ont démarré leurs activités : « Tian Bé Ko » et « Badegnan  ».

« Notre groupement se nomme « Tian Bé Ko» qui signifie « la vérité arrive… » ou « la vérité est derrière… ». Constitué de 50 membres, notre groupement a une chaine de valeur pour activité :  achat-transformation et vente de céréales. Pour le démarrage de ses activités, nous avons acquis 45 sacs d’arachides avec les fonds reçus. Les graines seront bientôt transformées en pâte et commercialisées. Nous promettons mettre tous les moyens en œuvre afin que le remboursement soit effectif pour faire bénéficier d’autres groupements en attente de financement. »

MINIGNAN

Bonjour Madame, Pouvez nous nous parler de vous ?

Je me nomme Kouyaté Mawa, Présidente du groupement « Badegnan » de Minigan depuis 8 ans. J’ai une autre association nommée « Dagnan » et je suis également la Présidente des associations féminines de Minignan qui compte environ 100 membres.

Quels sont les groupements qui ont bénéficier de fonds dans le cadre du projet avec ONU Femmes ?

4 groupements ont bénéficié de fonds : badegnan, Dan et Wê (poisson), Bin keleman(attiékè), association des femmes de la culture maraichères. Badegnan a une chîne de valeur : achat- transformation et commercialisation

Quand avez-vous reçu le fond de roulement ?

Nous avons reçu un financement de 870 000 FCFA, le mois dernier (Octobre).

Qu’avez-vous fait après réception ?

Dès que nous avons reçu les fonds, j’ai convoqué une réunion et sélectionné 30 femmes. Il s’agit de pouvoir travailler et rembourser donc j’ai voulu travailler avec des femmes de confiance pour ce projet. Nous avons donc discuté ensemble de la stratégie à adopter et la moitié de l’argent a été utilisé pour aller dans les villages environnant acheter de l’arachide. Nous faisons également de la poudre de soumbara donc nous avons préfinancé les grains de néré en Guinée car il y en a en abondance là-bas. Les graines ne sont pas encore disponibles mais nous avons anticipé pour être les premières à être servies lorsque le moment arrivera. Pour l’instant c’est la pâte d’arachide que nous produisons.

Vous avez reçu le financement il ya un mois et déjà vous avez acheté-produit-vendu et démarré le remboursement. Quel est votre secret ?

(Rires). En fait, nous faisons déjà cette activité et avons une clientèle à Man et à Odienné. Nous faisions en petite quantité car nous n’avions pas beaucoup d’argent pour produire plus et agrandir notre commerce. Mais, grâce au financement que nous avons reçu du Japon nous avons acheté de grandes quantités et nous produisons beaucoup en ce moment.

Combien de sacs d’arachides avez-vous acheté ?

Nous avons acheté plus de 100 sacs d’arachides.

A combien avez-vous acheté et vendu et quel a été le bénéfice ?

Le bénéfice sont les 100 00 FCFA que nous venons de verser pour démarrer le remboursement. Les détails sont dans le cahier.

Avez-vous bénéficié d’une formation pour la tenue du cahier ?

Oui, nous avons reçu une formation sur la tenue du cahier de compte. Elle était en cours jusqu’à l’annonce de votre arrivée. Elle reprendra demain.

Que pensez-vous du projet ?

Le projet est très bien et a aidé certains groupements à avoir les statuts et règlements. Avec ce projet, nous avons compris l’importance de ces documents.  Sans les statuts et règlements, nous ne pouvons pas obtenir de l’aide. Etant la Présidente des associations féminines, les femmes dans les associations m’approchent pour obtenir leurs statuts. Il ya longtemps que nous sommes en association mais c’est grâce à ce projet que nous avons compris cela. Les groupes qui ont reçu les financements travaillent d’arrache-pied. Je profite de l’occasion pour remercier l’ONU Femmes, le Japon et la Caritas pour l’appui que nous recevons.

Etes-vous sûre de pouvoir rembourser le financement reçu ?

Oui, j’en suis convaincue

Dans combien de temps pensez-vous pouvoir rembourser ?

 Au plus tard au mois de Février 2017, nous aurons déjà tout remboursé

Quel est votre message aux femmes qui ne veulent pas travailler ?

Je voudrais dire à mes sœurs de se mettre au travail. Si tu ne travailles pas, tu ne peux jamais obtenir ce que tu veux dans la vie. Une femme doit travailler pour montrer à l’homme qu’elle peut aussi être leader, Maire, député et pourquoi pas Présidente de la République. Mais le chemin pour y arriver, c’est le travail ! Une femme qui tend toujours la main à l’homme ne sera pas considérée par ce dernier. Mais, lorsqu’il voit que tu as des activités et que tu travailles pour subvenir à tes besoins et à ceux de tes enfants, il te respecte. Je suis la présidente de toutes les associations car les femmes savent que je travaille. Elles me font confiance.

Quel est votre mode de fonctionnement ?

C’est surtout l’entraide. Nous avons des tontines. Pour exemple l’association « Dagnan » qui compte 98 membres à une tontine de 2100F FCFA les vendredis, avec cet argent, nous nous entraidons. 2500 FCFA par membre chaque dimanche avec une autre association de 134 femmes. Une fois la collecte bouclée, nous remettons la somme obtenue à une seule. Et, tour à tour, chacune est à mesure d’agrandir son commerce. A Minignan, au niveau des femmes, le commerce se développe bien.  La maison n’est pas faite pour la femme, elle doit sortir et faire des activités. J’ai omis de vous dire que je suis aussi Secrétaire au Conseil régional du Folon, je n’ai pas fait de longues études mais c’est parce que j’aime travailler.

Vous avez plusieurs cordes à votre arc ! Quelles sont vos ambitions ? Ou vous voyez-vous dans 03 à 05 ans ?

(Rires)Dans 03 ans, je souhaiterais être Maire de Minignan voire plus.