Comment concilier les traditions et l’autonomisation de la femme pour une Côte d’Ivoire émergente?

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Photo de famille à Yamoussoukro

Près de 50 chefs et rois de Côte d’Ivoire ont été conviés à Yamoussoukro les 4 et 5 novembre 2016 pour un atelier de consultation sur le rôle et la participation de la femme à l’émergence de la Côte d’Ivoire. Entourés par ONU Femmes, le Groupe Consultatif de la Société Civile, l’UNESCO, le Ministère de la Cohésion Sociale, celui de la culture et celui de la Promotion de la Femme, ces chefs ont réfléchi durant 2 jours à la tradition et aux facteurs culturels qui freinent l’autonomisation de la femme.

La Côte d’Ivoire regorge de traditions et de coutumes uniques qui font de ce pays une mosaïque culturelle et ethnique. Chaque région, village ou encore tribu possède ses us qu’il est impératif de protéger afin de préserver cette richesse culturelle. Cependant le constat est sans appel : l’autonomisation de la femme est à la traine, notamment dans le milieu rural où les traditions et les lois villageoises régissent encore majoritairement la vie communautaire. En effet, les lois nationales peinent parfois à être mises en œuvre au niveau communautaire tant les traditions sont ancrées. Ainsi, les femmes n’accèdent souvent pas à l’héritage, aux terres et sont encore mariées précocement dans des mariages arrangés.

Néanmoins, il est possible de concilier traditions et coutumes avec l’autonomisation de la femme telle que prévue par la loi et souhaitée pour un développement inclusif et durable. C’est précisément ces questions qu’ONU Femmes, en collaboration avec le Groupe Consultatif de la Société Civile ont voulu aborder durant l’atelier de deux jours réunissant chefs et rois traditionnels à Yamoussoukro les 4 et 5 novembre derniers.

Ouverte par les Représentants de la chambre des chefs, les autorités de Yamoussoukro, la Représentante d’ONU Femmes, le Directeur de Cabinet du Ministère de la Femme, de la famille et de la protection de l’enfant  ainsi que la Ministre de la solidarité, la cohésion sociale et l’indemnisation des victimes, la consultation a rapidement mis le doigt sur la difficile question des traditions et de la loi.
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Madame Mariatou Kone, Ministre de la Solidarité

Lors de son discours d’ouverture, le Ministre de la Cohésion Sociale, de la Solidarité et l’Indemnisation des Victimes, Madame Mariatou Koné a en effet souligné : « La place des femmes dans notre société est indiscutable, mais elle reste prise en tenaille entre une tradition qui évolue lentement et les lois de notre pays qui reconnaissent cette égalité. Il faut ainsi conjuguer l’intelligence et l’énergie des hommes et des femmes pour bâtir une nation qui offre les mêmes chances à tous ses citoyens. » Elle a aussi rappelé qu’il est indispensable de composer avec la tradition, car elle peut en réalité constituer un atout, d’où l’importance de passer reconnaître et passer par la Chambre des Chefs et des Rois Traditionnels de Côte d’Ivoire. De son côté, la Représentante Résidente d’ONU Femmes Madame Marie Goretti Nduwayo a insisté sur le rôle des chefs et rois traditionnels qui constituent des figures incontournables et essentielles dans le milieu communautaire mais aussi des relais clés à travers le pays pour mettre en œuvre les nombreux engagements régionaux et nationaux en termes d’égalité des sexes et d’autonomisation de la femme.

Par la suite, Maimouna Camara de l’UNESCO a offert une plongée culturelle dans l’histoire ethnique de la Côte d’Ivoire et a révélé comment l’image de la femme s’est transformée au cours de l’histoire et souligné les enjeux culturels autour de la question du genre. De son côté, Georgette Zamblé du Groupe consultatif de la société civile s’est prononcée sur les questions du genre en Côte d’Ivoire afin de rappeler quelques définitions et concepts.  Enfin, les travaux de groupe ont permis aux chefs et rois traditionnels de s’exprimer non seulement sur les contraintes qu’ils ont perçues quant à l’égalité des sexes, mais aussi sur les actions et solutions possibles qu’ils identifient et jugent nécessaires. La diversité des opinions a permis des discussions enrichissantes et grâce à l’encadrement des membres du Groupe consultatif de la Société Civile, ces contributions ont été compilées en un plan d’action validé par les chefs et rois eux-mêmes. A présent, ONU Femmes, aux côtés du Groupe Consultatif et du Directoire des Rois et des Chefs Traditionnels s’engage à travailler conjointement pour une mise en œuvre des actions identifiées par ces rois et chefs afin de promouvoir la participation de la femme à l’émergence de la Côte d’Ivoire d’ici 2020.
CD Group discussion

Le Groupe Consultatif de la Société civile au travail