Les commerçantes de Kinshasa tirent la sonnette d’alarme face aux violences et autres injustices dont elles sont victimes (RDC)

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Photo : UN Women/Solange Nyamulisa

A l'occasion des 16 jours d'activisme contre les violences basées sur le genre, des femmes entrepreneurs de différents secteurs économiques opérant dans les secteurs formel et informel, ont décidé de se mobiliser et de dénoncer les violences qu'elles subissent et qui, malheureusement, passent souvent inaperçues. Ainsi, le 9 décembre 2021, journée internationale de lutte contre la corruption, elles ont investi neuf marchés de Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, pour sensibiliser le public à cette problématique.

ONU Femmes s'est déjà engagée à améliorer le climat des affaires pour les femmes entrepreneurs congolaises à travers le projet d'appui aux micro, petites et moyennes entreprises (PADMPME) : « Les femmes entrepreneures et commerçantes subissent chaque jour des violences qui restent sous silence. Il n’y a pas de mécanisme de protection de ces femmes, surtout que la plupart sont dans l’informel. Il est important de les écouter et faire un plaidoyer pour que les conditions d’exercice de leurs activités puissent s’améliorer » a déclaré Awa Ndiaye Seck, Représentante d’ONU Femmes en RDC. Cette initiative tombe à point nommé, car les défis sont nombreux.

C’est ainsi que Lusamba Nsana, vendeuse de haricots au marché de Zigida se plaint de nombreuses contraintes que rencontrent les femmes commerçantes, et en particulier le flou qui entoure le paiement des différentes taxes. « Certes, certaines taxes sont normales, mais d’autres non, et cela nous perturbe beaucoup », explique-t-elle. Elle renchérit en ajoutant que certains collecteurs ont une attitude discourtoise et agressive quand ils viennent réclamer les taxes. « Ils les insultent et ils leur manquent du respect. Et lorsqu’elles leur disent qu’elles n’ont pas encore vendu et demandent qu’ils repassent après, ces receveurs confisquent violemment leurs marchandises » se plaint-elle. En plus du plaidoyer pour la clarification sur la nature et le montant des impôts et taxes à payer, Lusamba demande aussi que les autorités veillent à la salubrité dans les marchés.

Cette sensibilisation est une première étape pour la mise en place d’un mécanisme de plaidoyer sur l’amélioration de climat des affaires, la recherche des solutions économiques, et pour promouvoir l’entrepreneuriat féminin. Les animatrices ont ainsi recueilli les avis des commerçantes pour les inscrire dans l’argumentaire de plaidoyer pour la création des opportunités d’accès aux marchés tel que AGOA (African Growth and opportunity Act), ZLECAF (Zone de libre-échange continentale africaine). Dans les jours à venir, les réseaux des femmes entrepreneures qui ont participé à cette sensibilisation : RENAFER (Réseau National des Associations des Femmes Rurales), FEFCO (Forum d’entrepreneuriat des Femmes Congolaises), CNFE (Commission Nationale des Femmes Entrepreneures de la Fédération des Entreprises du Congo), RAF (Réseau Action Femme), ROFAKIN (Regroupement des ONGD et Associations des Femmes de Kinshasa), NCCN RDC (Nouvelle Chambre de Commerce Nationale), COLETCO (Collectif des Entrepreneurs Transformateurs du Congo), AFEECO (Association des Femmes Entrepreneurs du Congo), COPEMECO (Confédération des Petites et Moyennes Entreprises), MUFFA (Mutuelle financière des Femmes africaines) et LHAAPS vont poursuivre la dynamique en déposant un mémorandum contenant les éléments recueillis lors de la sensibilisation auprès des autorités compétentes.

Cette sensibilisation a été soutenue par ONU Femmes et son projet de Réforme et de Dissémination des lois favorables à l’entrepreneuriat des femmes dans le cadre du projet d’Appui au Développement des Micros, Petites et Moyennes (PADMPME) né d’un partenariat entre le gouvernement de la RDC et la Banque Mondiale.