Sénégal : Les entrepreneures de Thiès à l’assaut des marchés publics

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Sénégal : Les entrepreneures de Thiès à l’assaut des marchés publics
Sénégal : Les entrepreneures de Thiès à l’assaut des marchés publics/  Photo : ONU Femmes /Alioune Ndiaye

ONU Femmes, en partenariat avec l’ARMP, comble le manque d’informations des femmes entrepreneures pour qu’elles accèdent aux marchés publics 

Elles devaient être 50, puis finalement 64 à répondre à l'appel de la chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Thiès. C’est montrer l’engouement des femmes entrepreneures thiessoises pour la session de renforcement de capacités en passation des marchés, qui s’est déroulée du 22 au 25 mars 2022. Une formation d’ONU Femmes et de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP), dont l’objectif était de donner aux femmes de la région de Thiès des outils et des savoir-faire leur permettant d’avoir accès à la commande publique.  

En effet, la connaissance des procédures de passation des marchés publics parmi les Petites et Moyennes Entreprises de femmes (PMEF) reste faible. Tel que révélé par le recensement général des entreprises de 2017, seuls 12 % des entrepreneurs individuels – la catégorie où les femmes sont les plus représentées – en sont informés. Par ailleurs, la connaissance des marchés publics est plus faible dans les secteurs où les femmes sont les plus représentées (13,6 % pour les services personnels, 10 % pour les détaillants et 9,5 % pour le secteur hôtelier).  

Ce manque d’informations, ainsi que les préjugés qui entourent les marchés publics, elles ont été unanimes à l’évoquer durant les 4 jours de formation : « Les marchés publics, j’en entendais seulement parler, mais je ne savais pas exactement ce que c’était. Je n’en connaissais que des rumeurs, notamment liées à la corruption qui existe dans ce domaine » explique Fatou Diouf, restauratrice à Thiès. Même son de cloche chez Ben Gueye, chef d’une entreprise de métallurgie : « Je pensais que les marchés publics étaient inaccessibles lorsqu’on n’avait pas de ‘’bras long’’ pour nous introduire. Du coup, je pensais qu’il était inutile de postuler. Ces quatre jours de formation m’ont prouvé le contraire et m’ont donné l’audace de postuler aux offres faites par l’État. »  

Briser les mythes et les tabous autour de la commande publique était donc un préalable, lorsqu’on sait que cette dernière représentait 17 % pour cent du PIB du Sénégal en 2017, soit une masse financière de plus de 2500 milliards de Francs CFA. Les marchés publics offrent donc une opportunité majeure aux femmes d’accéder à des sources de revenus leur permettant d’agrandir leurs entreprises et de s’assurer une plus grande autonomisation.  

Pour Adja Fatou Seck, qui évolue dans la transformation de produits agroalimentaires, cette formation est une première : « c’est la première fois que je reçois une formation de ce type. Elle m’ouvre à de nouvelles opportunités pour trouver des marchés. Car pour nous femmes entrepreneures, le principal problème qui se pose, c’est l’écoulement de nos produits. J’arrive à vendre à de grandes surfaces, mais parfois elles tardent à payer, ce qui me peut porter préjudice. Maintenant, je peux trouver de nouveaux marchés, mais je sais à quelle porte frapper pour faire face à un retard de paiement à la suite d’une commande.» 

Cette session d’informations et d’échanges fait partie d’une série de formations dont la première phase se déroulera jusqu’au 30 juin 2022 dans plusieurs régions du Sénégal pour renforcer les compétences du tissu entrepreneurial local. Au total 500 femmes seront formées en 2022.  

Au fil des échanges, ONU Femmes et l’ARMP ont réussi à lever énormément d’équivoques, permettant à ces femmes, seules ou en groupes, d’aller à l’assaut de la commande publique. Une vision que partage Fatou Diarra, transformatrice de céréales locales : « Auparavant, je croyais que les marchés publics étaient destinés aux grandes entreprises. Je me rends compte qu'aussi petite soit une entreprise, on peut y prétendre. Maintenant, je sais aussi que pour postuler, on peut s’y mettre à plusieurs pour pouvoir assurer la commande. Les marchés publics  ne nous sont pas fermés. » 

Le projet « Lier les besoins en matière de commande publique avec les Petites et Moyennes Entreprises (PME) gérées par les femmes au Sénégal » est piloté par ONU Femmes et l’ARMP en collaboration avec la Banque Mondiale, sur un financement de l’initiative pour le financement de l’entreprenariat féminin - We-Fi (Women Entrepreneurs Finance Initiative). Le projet a pour objectif de contribuer à la croissance des PME gérées par les femmes (PMEF) en améliorant leur accès aux marchés publics. L’intervention vise ainsi à alléger certaines des principales contraintes qui pèsent à la fois sur la demande (le Gouvernement en tant qu'acheteur) et sur l'offre (les PMEF) des marchés publics, grâce, notamment à des sessions de renforcement de capacités.