Un espace de travail sécurisé pour les femmes rurales: ONU Femmes et AGRIKCOM au Kongo Central

ONU Femmes s'est rendue dans le village de Kwakwa, au Kongo Central avec AGRIKCOM, pour faire le point sur l'avancement du projet WEE dans la province. AGRIKCOM est bénéficiaire et partenaire du programme WEE d’ONU Femmes depuis 2020 et ensemble nous essayons d'autonomiser les femmes vulnérables en milieu rural grâce à des activités génératrices de revenus.

 

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Mme Kulabuna nous montre le séchoir et le fumoir que AGRIKCOM a acheté grâce à l'appui d'ONU Femmes. Photo: ONU Femmes /  Marina Mestres Segarra.
Mme Kulabuna nous montre le séchoir et le fumoir que AGRIKCOM a acheté grâce à l'appui d'ONU Femmes. Photo: ONU Femmes / Marina Mestres Segarra.

Mme Basila Kulabuna, présidente provinciale et vice-présidente nationale de RENAFER-RDC, le Réseau Nationale des associations des femmes rurales de la République Démocratique du Congo, ainsi que directrice d'AGRIKCOM, nous a partagé pendant cette visite les acquis du projet et le contexte dans lequel travaillent les femmes. Mme Kulabuna est technicienne en développement rural, depuis 2003 elle travaille dans l'agriculture et en 2008 elle a été formée à la transformation des produits agricoles locaux, notamment le manioc en farine panifiable.

Nous sommes dans le Kongo Central, une province connue pour son activité agricole. Que pouvez-vous nous dire sur les femmes rurales que nous avons visitées dans le village?

Aujourd’hui nous sommes descendues au village de Kwakwa, où on aide à peu près 200 femmes en milieu rurale. Principalement, on produit de la farine planifiable et des recettes basées sur cette farine. Maintenant, le gouvernement a commencé à parler de cette farine panifiable de manioc parce que le blé vient d’augmenter de prix ; on ne pouvait pas se permettre de priver nos mamans et enfants du pain et la farine panifiable de manioc leur permet d’avoir le pain à un prix plus bas. Nous produisons aussi les légumes, les céréales, le miel, les fruits, les chips de plantain, les chips de noix de coco et des ‘snacks’ de manioc.

Les femmes produisent des chips de plantain, de la farine de manioc, du miel, des légumes, des chips de noix de coco et d'autres produits qui sont distribués dans la région par AGRIKCOM.. Photo: ONU Femmes /  Marina Mestres Segarra.
Les femmes produisent des chips de plantain, de la farine de manioc, du miel, des légumes, des chips de noix de coco et d'autres produits qui sont distribués dans la région par AGRIKCOM.. Photo: ONU Femmes /  Marina Mestres Segarra.
Les femmes produisent des chips de plantain, de la farine de manioc, du miel, des légumes, des chips de noix de coco et d'autres produits qui sont distribués dans la région par AGRIKCOM.. Photo: ONU Femmes / Marina Mestres Segarra.

Quelle est la situation des violences sexuelles et basées sur le genre dans la région ?

Au pont maréchal avant d’arriver à Boma elles ont leur propre technique pour faire de l’agriculture. Il faut commencer par le défrichement. C’est un travail dur réservé aux hommes. Au début, quand on est arrivés (AGRIKCOM) les femmes maraichères se plaignaient ; vu que le travail de défrichement est réservé aux hommes, quand les femmes n’avaient pas de l’argent elles se trouvaient obligées de céder à certaines sollicitations des hommes. On a remarqué la présence au maraichage de plusieurs filles mères avec plusieurs enfants et partenaires. Avoir un champ était égal à avoir un nouveau partenaire. Nous nous sommes dit que cette exploitation et ces abus sexuels devaient cesser, c'était la principale raison de travailler ici.

Nous avons décidé défricher pour les femmes en tant que partenaires. Ensuite, elles font l'entretien du maraîchage. Pendant la récolte, elles ont 40% de la production. Grâce à notre collaboration, de nombreuses femmes n'ont plus besoin de dépendre des hommes pour leur travail. Depuis 2020, le taux de filles enceintes et mères a nettement diminué, plusieurs jeunes filles ont repris le chemin de l'école.

L'équipe d'ONU Femmes reçoit un accueil chaleureux de la part des femmes rurales de Kwa Kwa. Photos: ONU Femmes / Marina Mestres Segarra.
L'équipe d'ONU Femmes reçoit un accueil chaleureux de la part des femmes rurales de Kwa Kwa. Photos: ONU Femmes / Marina Mestres Segarra.

Comment votre travail avec ONU Femmes vous a-t-il aidé à étendre l'autonomisation économique des femmes dans la région ?

Avant, même si nous étions dans le formel, il n'y avait qu'une catégorie de personnes qui nous connaissaient ; maintenant, grâce au réseau ONU Femmes, nous nous déplaçons (AGRIKCOM) de village en village pour donner des formations aux femmes. Nous dispensons des formations sur la transformation des produits agricoles locaux, l'autonomisation économique, l'élimination des violences sexuelles et basées sur le genre, l'éducation financière et l'épargne. Avant, nous n'avions jamais regroupé les femmes par secteur, mais ONU Femmes nous a fourni les informations pour les organiser par filières et les accompagner. Les femmes commencent à créer des coopératives pour s'entraider à sortir du secteur informel et affronter ensemble les difficultés du marché.

D'un point de vue technique, au début, quand on faisait de la farine panifiable, il fallait attendre deux jours pour le séchage, mais grâce à ONU Femmes on a un séchoir qui sèche 350 à 400 kilos de manioc par heure. Mon rêve est d'acheter un éplucheur de manioc pour alléger le travail de la femme.

Les femmes maraichères de Kwakwa travaillent la terre et continuent d'utiliser des outils précaires. Photos : ONU Femmes / Marina Mestres Segarra.
Les femmes maraichères de Kwakwa travaillent la terre et continuent d'utiliser des outils précaires. Photos : ONU Femmes / Marina Mestres Segarra.

Quel est votre message pour les femmes et les filles congolaises ?

Je veux que les jeunes femmes et les filles commencent à apprendre l'entrepreneuriat et l'indépendance économique dès leur plus jeune âge. De nos jours, la technologie nous donne accès à des informations et à des cours, alors profitez-en au maximum !

En tant que femme africaine fière, mon message serait: consommons ce que nous produisons et produisons ce que nous consommons.