Où je me tiens : « Les acheteurs rencontrés grâce aux formations dans le cadre du projet AFAWA nous ont permis d’augmenter nos bénéfices. C’est avec beaucoup de fierté que j’ai réussi à inscrire mon fils cette année dans une université privée, sans faire appel à mes frères pour payer sa scolarité. »

Où je me tiens : « Les acheteurs rencontrés grâce aux formations dans le cadre du projet AFAWA nous ont permis d’augmenter nos bénéfices. C’est avec beaucoup de fierté que j’ai réussi à inscrire mon fils cette année dans une université privée, sans faire appel à mes frères pour payer sa scolarité. »

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Brouz Jeannette Coffi dans son champ de manioc à Toumodi
Brouz Jeannette Coffi dans son champ de manioc à Toumodi. Photo : ONU Femmes/Stephane Joel Dah

Les Moissonneurs sont une union de plusieurs coopératives de la ville de Toumodi, unies pour une meilleure valorisation de leurs productions.

« La coopérative Les Moissonneurs est une union de 60 coopératives qui comprend différentes sections dans les 60 villages de Toumodi. Toutes les sections produisent du manioc, sauf une dans le village de Djékanou, qui produit de la banane. Le manioc est ensuite transformé en attiéké déshydraté à l’usine de transformation de l’union des Moissonneurs. Nous vendons sur le marché local, mais quand nous avons voulu vendre dans les supermarchés, les responsables nous ont demandé une certification que nous n’avons malheureusement pas pu passer car le coût était très élevé. Les formations en entreprenariat BuyFromWomen, initié par ONU Femmes avec l’appui financier de la Banque Africaine de Développement nous ont vraiment beaucoup aidé. Nous avons appris comment créer une adresse email, créer une page Facebook, en plus de notre groupe WhatsApp, et tous ces outils nous ont permis de commencer à vendre sur internet. Lorsque nous sommes revenues des formations, nous avons aussi recruté trois jeunes, un basé à Abidjan et deux à Toumodi. Ils nous aident aussi à chercher de nouveaux marchés sur internet. L’un d’eux est récemment parti à Korhogo et nous a décroché une commande de deux tonnes de manioc que nous essayons de produire en ce moment. »

Quelques femmes de la coopérative Les Moissonneurs, nettoyant leur plantation
Quelques femmes de la coopérative Les Moissonneurs, nettoyant leur plantation. Crédit photo : ONU Femmes/Stephane Joel Dah

Une meilleure gouvernance s’est imposée pour la rentabilité de la coopérative

« La secrétaire générale de la coopérative et moi-même avions été les représentantes de notre union à participer aux formations en entrepreneuriat. À notre retour, nous avons à notre tour partagé ce que nous avons appris avec les femmes des autres sections. Elles ont maintenant compris le sens, le fonctionnement et la gestion d’une coopérative. Aujourd’hui, elles connaissent chacune leur rôle. Elles s’impliquent plus et considèrent la coopérative comme un bien commun, alors qu’au début, elles prenaient la coopérative à la légère car elles pensaient qu’elle n’appartenait qu’à la présidente. Par exemple, avant, nous faisions nos réunions à notre siège à Toumodi mais depuis les différentes formations, nous faisons chaque mois des réunions tournantes par village, pour plus impliquer les responsables de sections. Le plus intéressant dans cette histoire, c’est que toutes les sections sont maintenant représentées à ces réunions-là. Nous avons également une secrétaire générale qui prend des notes et rédige des PV. Au début de chaque réunion, la secrétaire lit le compte-rendu de la dernière assemblée et nous faisons le point des actions réalisées. »

Brouz Jeannette Coffi et des représentantes de sections des Moissonneurs.
Brouz Jeannette Coffi et des représentantes de sections des Moissonneurs. Crédit photo : ONU Femmes/Stephane Joel Dah

AFAWA, un accès à des partenaires stratégiques clés

« La présentation de potentiels acheteurs qui avait déjà commencé avec BuyFromWomen, a été renforcée sur AFAWA. Nous avons été introduites à FIN’Elle, institution de microfinance dédiée à l'autonomisation des femmes entrepreneures, qui nous a donné une formation en gestion financière. Nous sommes en ce moment en discussion avec la banque FIN’Elle, qui va nous accompagner dans l’équipement de notre coopérative. Nous comptons acheter un tracteur qui va permettre de réduire la pénibilité du travail des femmes de nos 60 coopératives. Cette année, nous avons fait 100 hectares de manioc au niveau de l’union mais à chaque fois que nous louons le matériel, il est tardivement mis à notre disposition. Lorsque le matériel arrive en retard, la pluie cesse et nous ne pouvons pas cultiver le manioc. Cette année déjà, nous avons voulu faire le soja pour accompagner le manioc, mais nous n’avons pas réussi parce que nous n’avons pas pu avoir le tracteur à temps, alors que si nous avions notre propre tracteur, nous aurions pu mieux organiser notre production. AFAWA nous a aussi aidé à identifier les gros acheteurs locaux de manioc brut et d’attiéké (manioc transformé), comme les écoles de Toumodi et PAMCI (grand groupe d’exploitation et production agroalimentaire). Enfin, grâce au groupe WhatsApp créée par ONU Femmes pour le suivi des 60 coopératives du Projet d’appui aux coopératives féminines du secteur du vivrier (AFAWA) dans la région du Bélier, nous avons rencontré des coopératives sœurs dans d’autres villes avec qui nous travaillons maintenant. Nous nous renforçons mutuellement lorsque nous avons de grosses commandes que Les Moissonneurs n’arrive pas à satisfaire seules, et vice-versa. »

De meilleures perspectives pour sa famille

« Grâce à toutes ces formations, j’ai aussi pu augmenter mes bénéfices et scolariser mes enfants. Depuis huit ans, je fais le métier de pépiniériste mais à la rentrée scolaire, ma seule option étaient les écoles publiques et là-même je n’arrivais pas à inscrire mes enfants sans demander de l’aide à mes frères. Lorsqu’un de mes enfants était orienté dans une bonne école privée, je me battais pour qu’il soit réaffecté dans le public parce que les frais d’inscriptions étaient trop chers. Mais cette année, grâce à BuyFromWomen et AFAWA, c’est vraiment avec fierté que j’ai réussi à inscrire mon fils dans une université privée, sans l’aide de mes frères. Je l’ai fait sans problème ».

ODD 5

Brouz Jeannette Coffi a 54 ans et est mère de sept enfants dont deux filles et cinq garçons. Elle est la présidente de l’union de coopératives Les Moissonneurs. Productrice certifiée de boutures de manioc, elle est également une pépiniériste nationale agréée d’anacarde. Son leadership au sein des « Moissonneurs » fait d’elle une source d’inspiration pour sa famille et les femmes de sa coopérative. Lors d’un entretien avec ONU Femmes, elle parle des défis rencontrés par les femmes de sa coopérative et présente les pistes de solutions trouvées à travers sa participation aux projets BuyFromWomen et AFAWA en Côte d’Ivoire.