Campagne des 16 jours d’activisme 2023 en Afrique: « Investir pour Prévenir la Violence à l’Egard des Femmes et des Filles en Afrique. »
ONU Femmes et ses partenaires appelle à des investissements durables et à long terme pour prévenir la violence à l'égard des femmes et des filles.
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Commémorée du 25 novembre (Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes) au 10 décembre (Journée commémorative des Droits Humains) depuis 1991, la Campagne des 16 jours d'activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles vise à galvaniser l’engagement individuel et populaire pour la lutte et la prévention des violences à l’égard des femmes et des filles (VEF), un fléau mondial affectant une femme sur trois dans sa vie. Quatre femmes sur dix (40%) en Afrique de l’Ouest et près de six femmes sur neuf (65%) en Afrique centrale seraient victimes de violence selon une étude menée par le Réseau des femmes élues locales d’Afrique.
La violence à l’égard des femmes et des filles reste l’une des violations des droits humains les plus répandues et les plus généralisées dans le monde. On estime qu’une femme sur trois (76 millions) a subi des violences physiques, et ou sexuelles de la part de son partenaire intime. Des violences qui pouvaient être évitées. Plus de quatre femmes et filles sur cinq (86 %) vivent dans des pays sans aucune protection juridique solide ou dans des pays où les statistiques n’existent simplement pas. Tristement, la violence à l’égard des femmes et des filles reste encore banalisée bénéficiant de très peu d’engagement politique pour son éradication.
Pour l’édition 2023, les Nations Unies, sous l’égide du Secrétaire Général, commémorent les 16 jours d’activisme sous le thème : « TOUS UNiS ! Investir pour prévenir la violence à l’égard des femmes et des filles ». Un plaidoyer qui appelle les gouvernements, les institutions, le secteur privé ainsi que les citoyennes et citoyens à se mobiliser, s’engager et montrer à quel point ils ont à cœur d’éliminer la violence à l’égard des femmes et des filles.
Malgré la recrudescence des violences à l’égard des femmes et des filles, seul 0,2% de l’aide publique au développement est alloué à la prévention de la violence basée sur le genre. Un pays sur quatre (25%) ne disposent pas de systèmes de suivi des affectations budgétaires en faveur de l’égalité des sexes. C’est donc pour renverser cette tendance, que cette année un accent particulier est mis sur l'importance de financer les différentes stratégies de prévention pour ainsi empêcher la violence de se produire en premier lieu.
« La violence contre les femmes et les filles constitue un réel frein au développement, nous en appelons aux gouvernements, institutions, secteur privé, communautés des donateurs et à toutes les bonnes volontés d’investir davantage dans les programmes d’autonomisation de la femme, pour financer et accompagner les organisations féminines afin de mettre fin aux violences faites aux femmes et aux filles » déclare Dr. Maxime Houinato, Directeur Régional a.i. ONU Femmes Afrique de l’Ouest et du Centre.
Les organisations de défense des droits des femmes qui sont en première ligne dans la lutte mais qui paradoxalement sont les moins nanties, souffrent d’un manque chronique de financement, puisque bénéficiant de seulement 5% de l’aide publique au développement allouée à la lutte contre la violence envers les femmes. Or, en conjuguant les efforts, en allouant plus de financement aux organisations féministes il est possible d’aboutir à des résultats palpables :
- Un changement positif de l’environnement politique, les recherches ont démontré qu’avoir des mouvements féministes forts est le facteur le plus important pour faire progresser la lutte contre les violences envers les femmes et les filles.
- La fourniture de services salvateurs, une assistance holistique incluant les refuges, le conseil, l’assistance juridique et les lignes d’assistance téléphonique – ceci apporte une bouée de sauvetage aux survivantes et les aident à reconstruire leur vie.
- Plus d’appui aux femmes en situation d’urgence sanitaire et humanitaire - Le nombre de femmes et de filles vivant dans un contexte de conflit a augmenté de 50 % rendant des millions de femmes et de filles encore plus vulnérables à la violence basée sur le genre. Aussi, des études ont reporté des avancées significatives envers l’égalité des sexes lorsque les femmes participent activement à la gestion des conflits et des situations d’urgence et lorsque l’action humanitaire se concentre sur les organisations de défense des droits des femmes et les groupes autonomes.
- La diminution des actes de violences envers les femmes et les filles, en Afrique du Sud par exemple, des initiatives pilote (Projet IMAGE) de microfinancement et de formation sur la mobilisation des communautés et l’égalité des sexes ont fait baisser la violence au sein des couples de moins de 50% en deux ans.
Fort heureusement, des avancées même si timides sont en train d’être faites par certains de nos pays en Afrique. En 2022, la République du Congo et la Côte d’Ivoire ont adopté des lois visant à protéger les femmes contre diverses formes de violence domestique.
Une législation contre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail, prévoyant des sanctions pénales et des recours civils a également été adopté par le Congo. Des pays comme le Sénégal ont également vu la création d’associations et d’organisations de Professionnelles de l’information et de la Communication sur le Genre. De plus, depuis 2015, l’Union Africaine a mis en place une fiche d’évaluation genre visant à mesurer les progrès réalisés au niveau national sur l'égalité de genre et l'autonomisation des femmes dans les sept secteurs clés de la santé, de l’emploi, des entreprises, de l’accès au crédit, à la terre, la participation des femmes en politique et prise de décision, ainsi que l’atteinte des niveaux secondaire et supérieur d’enseignement par les jeunes filles.
Les organisations de défense des droits des femmes s'engagent à créer une société plus sûre, plus équitable et plus juste pour les femmes et les filles du monde entier, ainsi qu'un avenir plus radieux et plus prometteur pour tous.
Dans un monde où le besoin d'égalité des sexes et de prévention de la violence reste urgent, les gouvernements et les institutions doivent reconnaître, renforcer et investir dans les efforts inébranlables des organisations de femmes.
Kadiatou Boiro, Analyste Communication, ONU Femmes Afrique de l’Ouest et du Centre [ Cliquez pour révéler ] +221776822488