Où je me tiens: « Maintenant on sait que si un homme abuse de nous c’est lui qui est pitoyable, pas nous »

Destine Mulubwa est maraîchère au village de Kapulwa dans le Haut-Katanga. Mère de 13 enfants dont deux sont décédés jeunes, elle rêve de posséder une grande maison pour les accueillir tous. Néanmoins, le manque d'opportunités économiques pour les femmes et l’existence des violences basées sur le genre dans la région a rendu difficile l'indépendance. Lorsque l'ONG du village, Sud-Ouest Développement, a reçu un financement d'ONU Femmes en 2016 à travers le projet "Renforcement du pouvoir économique des femmes dans les zones rurales et périurbaines de la province du Haut-Katanga", Destine a commencé à voir des changements positifs dans sa communauté. 

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Destine Mulubwa, vegetable farmer, plot owner and mother of 11 children, is one of the beneficiaries of UN Women's funding to the NGO Sud-Ouest Developpment in 2016/2017
Destine Mulubwa, maraîchère, propriétaire de parcelles et mère de 11 enfants, est l'une des bénéficiaires du financement d'ONU Femmes à l'ONG Sud-Ouest Développement en 2016/2017. Photo: ONU Femmes / Marina Mestres Segarra

Mon travail c’est de cultiver dans le jardin pendant la saison sèche et de cultiver le maïs, le manioc et le soja pendant la saison de pluie. J’ai aussi des chèvres, des poulets et d’autres animaux de ferme sur mon terrain à moi. Quand je suis arrivée, ceux qui avaient cultivé ce terrain avant moi l’avaient abimé, mon travail était presque impossible. 

J’ai rejoint l'ONG Sud-Ouest Développement à ses débuts en 1998. Ils m’ont aidé à obtenir des produits chimiques pour guérir le terrain. Après avoir reçu le financement d’ONU Femmes en 2016 on a commencé à recevoir des formations sur l’agriculture et l’économie du marché, qui m’ont beaucoup aidé. J’ai investi dans un business plan des haricots qui m’a permis d’épargner, de vendre et de subvenir à mes besoins. Quelques-uns de mes enfants se sont mariés et ont pu faire leurs études. Pendant les deux dernières années, j’ai régressé dans mon plan d’affaires, mais je le reprends petit à petit. 

Avant on entendait beaucoup parler des cas de violences basées sur le genre et mariages précoces, mais de nos jours ils ont beaucoup diminué. On a commencé à participer à des ateliers sur les droits des femmes et maintenant on sait que si un homme nous touche et abuse de nous c’est lui qui est pitoyable, pas nous. Le village les fait arrêter et les sanctionne. Les garçons et hommes commencent à avoir peur et comprennent que ce n’est pas correct. On n’entend plus de cas d’abus. 

Le village est aussi très fier de son projet de maçonnerie pour les jeunes femmes et hommes, nous sommes heureux que nos jeunes aient des options. J’espère que mes 11 enfants auront toujours du travail et que j’épargnerai assez pour construire une grande maison sur mon terrain pour les accueillir quand ils me rendent visite. » 


ONU Femmes RDC a visité le village de Kapulwa en novembre 2022, pour évaluer les résultats du projet mené en 2016 et 2017. Le village dispose désormais d'un dispensaire (infirmerie), d'une petite boutique, d'une école maternelle et d'une église. De nombreuses femmes possèdent leur propre parcelle de terrain et vendent leurs produits aux marchés voisins. Une fois l'école terminée, les filles et les garçons qui ne souhaitent pas aller à l'université ou travailler sur la terre, et préféreraient se former à la maçonnerie, peuvent obtenir leur formation officielle et leurs certificats auprès de deux militaires qui se portent volontaires pour leur enseigner. Les villageois assistent à des ateliers sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes, la masculinité positive, l'éradication du mariage des enfants et l'autonomisation. 

SDG 5

Ces histoires d'entrepreneuriat féminin montrent l'importance de l'objectif de développement durable n°5, qui vise à atteindre l'égalité des sexes et à autonomiser toutes les femmes et les filles.