« Je veux que nos enfants grandissent dans un environnement sécurisé » – 5 questions à une médiatrice de la paix au Mali
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Depuis 2017, Mouna Awata est la Présidente de la Case de la Paix de Gao. Un lieu où les femmes des différentes communautés ethniques se rassemblent pour discuter de leurs besoins surtout en ce qui concerne la cohésion sociale et la promotion de la Paix. Pour la Journée Internationale des Femmes 2018, elle décrit son rôle, ses tâches quotidiennes en tant que femme leader et ses souhaits pour une paix durable au Mali.
Que vous inspire le mot “paix”, en d’autres termes, la paix signifie quoi pour vous ?
Pour moi, la paix est liée à plusieurs qualités de vie et comportements sociaux : l’accord mutuel, la tranquillité, concorde, l’entente entre les gens. En cela, je vois le fait de vivre ensemble, dans l’unité, la solidarité et le respect mutuel les uns envers les autres.
Comment est-ce que vous êtes devenu Présidente de la Case de la Paix à Gao ?
Je suis une femme leader. J’ai plusieurs compétences qui sont importantes pour ce type de travail. J’ai de la patience et une bonne capacité d’ecoute et de tolerence. Au-delà de ces aspects, j’aime rassembler les personnes autour des sujets importants pour ma communauté tout en gardant la confiance en moi et aux autres. Des qualités qui m’ont permis non seulement d’avoir une cerataine popularité, mais aussi de la crédibilité aux yeux de mes concitoyens.. Je garde un contact permanent avec les gens autour de moi, ce qui me permets d’assurer la médiation en cas de conflits familiaux ou communautaires.
Quels sont vos taches comme Présidente ?
Mon travail est très divers. Je veille sur l’éducation et le développement de ma communauté et du groupement des femmes. J’assure notamment leur participation dans toutes les instances de décision. La paix, c’est mon travail de tous les jours, au lieu de mariage, baptême et tontine. J’ai été à des rencontres d’échanges à l’intérieur et à l’extérieur du pays et j’ai participé à la signature de l’accord pour la paix à Bamako. J’ai aussi eu à faire des médiations familiales pour reconcilier un grand nombre de couple au moment de l’occupation par les jihadistes. En plus, à cette époque-là, j’ai sensibilisé beaucoup de jeunes garçons et filles pour ne pas s’approcher des jihadistes et j’ai également collecté des cas de violence sexuelle. Présentement, nous essayons de convaincre aussi les femmes de Kidal et Menaka de s’engager pour la paix. Nous travaillons également à augmenter les fonds pour nos activités.
Qu’est-ce qui vous motive chaque jour pour votre travail ?
Je suis motivé davantage quand je vois que les femmes sont effectivement représentées à tous les niveaux de la communauté. L’amour de ma communauté et de mon pays est essentiel pour moi. J’aime ce que je fais, voire les fruits de mon travail et évaluer mon influence. Puis, je suis reconnaissante envers les partenaires qui nous accompagnent et soutiennent techniquement et financièrement dans notre lutte pour la paix.
Cette année, le Mali fait face à plusieurs défis sur le plan sécuritaire et politiques. Qu’est-ce que vous souhaitez pour les prochains mois ?
Je souhaite que l’année 2018 soit consacrer à la mise en œuvre de l’accord de la paix et de la réconciliation issu du processus d’Alger et que les élections se tiennent normalement sur toute l’entendue du territoire du Mali – sans exception. Je veux que nos enfants grandissent dans un environnement sécurisé, en bonne santé avec une bonne éducation. Et que nos filles, finalement, puissent prendre la relève à la faveur de leurs droits.
Cases de la Paix:
Suivant les bonnes expériences au Liberia, où les associations des femmes pour la paix ont eu on grand impact sur la réconciliation de la paix après la guerre civile, UNO Femmes a établi plusieurs Cases de la Paix dans les villes de Gao, Tombouctou, Menaka et Berrah – les centres du conflit en 2012 et 2013. Cette Cases de la Paix jouent un rôle important au retour de la paix et la sécurité dans le pays. Elles sont les centres de rencontre entre les femmes de différentes communautés ethniques pour discuter et reconcilier des conflits locaux, échanger les expériences et renforcer la cohésion sociale. En plus, les femmes peuvent y donner conseils psychologiques ainsi qu’améliorer leur autonomisation économique et leur influence sur les processus de décisions locaux.
Les Cases de la Paix au Mali sont mises en œuvre avec l’assistance financière des gouvernements de l’Allemagne, des Pays-Bas et de la Suède.