Sénégal: Les professionnels de l’information à l’école des statistiques

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Les professionnels de l’information à l’école des statistiques
Atelier de formation des professionnels de l'information sur les sources et l'utilisation des statistiques sensibles au genre. Photo: ONU Femmes /Alioune Mamour Ndiaye

Formation des journalistes sénégalais à l’utilisation des statistiques de genre 

Les statistiques de genre expriment non seulement les données désagrégées par sexe, mais aussi les besoins et les aptitudes distinctes des hommes et des femmes dans différents domaines. Elles sont à la fois des outils d’alerte pouvant influencer l’opinion du public et des mécanismes d’aide à la prise de décision qui peuvent guider les politiques du gouvernement. Ces statistiques sont essentielles au travail des journalistes.

Pour combler un accès limité des statistiques de genre et faciliter leur compréhension pour une meilleure utilisation, ONU Femmes en partenariat avec l'Agence nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) a organisé un atelier de formation des professionnels de l'information sur les sources et l'utilisation des statistiques sensibles au genre entre le 1er et le 3 mars 2022 à Dakar.  

Khady Bâ, Statisticienne, chargée d’études à l’ANSD : « A lecture de certains articles, on se rend compte que les chiffres peuvent être mal interprétés surtout dans l’analyse des disparités de genre. Cette formation a ainsi pour objectif d’installer le débat sur le genre et en fournir une meilleure compréhension. Les journalistes sont des canaux de partage de l’information. S’ils ne comprennent pas comment faire l’analyse des statistiques de genre, ils ne pourront pas fournir la bonne information à leur public. » C’est donc pain bénit pour les professionnels de l’information, qui peinent à trouver les informations et lorsque cela arrive, hésitent à les utiliser.

Pour Samba Barry, reporter à Walf Quotidien, « La difficulté avec les statistiques est que les interprétations peuvent être biaisées. Grâce à cette formation, nous avons les outils qui nous permettent de bien interpréter les chiffres pour donner la bonne information. »

Khady Bâ l’avait d’ailleurs noté : « Durant la formation, je me suis rendu compte que la plupart des journalistes qui n’utilisent pas des chiffres, hésitent à le faire parce qu’ils craignent de faire une mauvaise interprétation. D’autres ont mis en exergue le fait que les informations ne sont pas disponibles et certains d’entre eux ne savent pas où chercher ou ne sont pas au courant que certaines données existent. »

L’un des points d’orgue de ces trois jours de formation a été la précision de la notion de genre, souvent sujette à polémique sous nos cieux. En effet, selon Adama Ly, journaliste à l’Agence de Presse Sénégalaise : « Les premières sessions nous ont permis d’avoir une compréhension beaucoup plus pointue des questions de genre. Cela nous a permis de lever certaines équivoques. Car lorsqu’on parle de genre, beaucoup pensent qu’il y a d’autres problématiques derrière alors que le genre est une question de développement, en ce sens qu’il concerne les rapports sociaux entre hommes et femmes. (…) Connaître le nombre de femmes et leurs domaines d’activités dans chaque secteur fournit une meilleure visibilité sur les politiques publiques. Il est essentiel pour les journalistes de comprendre ces concepts et d’être en mesure d’interpréter les chiffres. »

Cette première session de formation est en quelque sorte une préparation des journalistes à la sortie prochaine de cinq rapports d’études réalisés dans le cadre du programme Women Count. Ces études portent sur les problématiques sensibles aux violences basées sur le genre, à l’emploi formel, à l’éducation, au travail non rémunéré, à la contribution économique des femmes et à l’entreprenariat féminin.

En août 2020, ONU Femmes et l’ANSD ont signé une convention de partenariat pour la mise en place d’un mécanisme de renforcement de la production et l’utilisation des données sensibles au genre et à développer, entre autres, les capacités des producteurs et utilisateurs de ces données. Ce projet fait partie du programme mondial « Women Count » (Les femmes comptent). D’une durée de 3 ans, Women Count Sénégal, financé principalement par l’Agence Française de Développement (AFD), a été élaboré pour fournir des statistiques de genre de qualité et de suivre les ODD de manière efficace.