D’où je me tiens : « la rareté et l’irrégularité des pluies (…) m’inquiète. » (Sénégal)

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Sina Diagne, agricultrice dans le Nord du Sénégal nous parle de son vécu des effets du changement climatique.

« Avant, nous connaissions avec précision les périodes de semis et les périodes de récolte, alors que ce n’est plus le cas, à cela s’ajoute la rareté et l’irrégularité des pluies. Tout est perturbé ; la situation actuelle m’inquiète."

Sina Diagne fait partie du Réseau des femmes agricultrices du Nord, situé dans les régions de Saint-Louis et Matam, au nord du Sénégal. Productrice de riz à Ross Bethio, elle a bénéficié du programme AgriFed qui a fourni des champs-école à 125 femmes du réseau, afin qu’elles puissent s’adapter au changement climatique. Car comme un peu partout, les effets des dérèglements du climat affectent les rendements agricoles. Ce qui constitue une menace pour les petits producteurs dont l’agriculture est la seule activité.

L’agriculture est mon activité principale, ce qui fait que je ne peux pas rester inactive. Je travaille en hivernage, mais je fais aussi des cultures de contre-saison. Le rallongement de la durée de maturité de ces dernières affecte les cultures d’hivernage. A cause de cela, il m’arrive de ne pas avoir le temps de préparer les champs à temps, ce qui me pousse à abandonner parfois quelques hectares. Là où nous pouvions récolter 100 sacs par hectare, nous dépassons rarement les 60 sacs…

Le changement climatique a profondément modifié notre façon de vivre et notre mode de travail. Nous en entendions seulement parler, mais actuellement, nous le vivons de plein fouet. Nous avons commencé à remarquer ses effets il y a 4 ou 5 ans. Auparavant, nous avions un calendrier cultural stable. Nous connaissions avec précision les périodes de semis et les périodes de récolte, alors que ce n’est plus le cas, à cela s’ajoute la rareté et l’irrégularité des pluies. Tout est perturbé ; la situation actuelle m’inquiète.

Il y a quelques années, lorsque nous faisions des cultures de contre-saison de riz, les conditions étaient excellentes tandis que maintenant, avec les dérèglements dans les saisons, il peut faire chaud une semaine et très froid la suivante. Cela perturbe la durée de maturité du riz.

Le changement climatique a également eu un impact négatif sur nos activités de maraîchage. Nous récoltions d’énormes quantités de tomates, mais maintenant, au mois de mars, il y a un vent qui détruit tous nos plants ainsi nos cultures de piment et d’oignon.

Ce qui nous aide pour faire face, ce sont les informations météorologiques que nous recevons régulièrement sur nos téléphones grâce à l’Agence Nationale de l’Aviation Civile et de la Météorologie (ANACIM). Par exemple, s’ils nous disent qu’il y a une vague de canicule qui s’annonce, nous arrosons nos terres avec beaucoup d’eau, afin que nos cultures ne souffrent pas trop. Ce sont les seules mesures d’adaptation que nous avons pour le moment.

Nous-même essayons de sensibiliser sur les mesures d’adaptation, comme le reboisement. Je n’ai pas fait d’études, mais je sais que la pollution de l’air peut être arrêtée ou atténuée par les arbres. Nous avons appris cela lors de formations organisées par ONU Femmes.

L’expérience d’ONU Femmes démontre que le renforcement de la résilience dans l’agriculture exige une approche intégrée qui aborde simultanément la sécurité du régime foncier ainsi que l’accès à d’autres actifs productifs dans le contexte de changement climatique. A travers ses interventions, à l’horizon 2023, AGRIFED vise à autonomiser économiquement plus de 30 000 agricultrices sénégalaises et à renforcer leur résilience face aux changements climatiques. Ce projet contribue par ailleurs à l’atteinte des objectifs 5 (Egalité des sexes) et 13 (Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques).