Foire aux questions : Formes de violence à l’égard des femmes et des filles
La violence à l’égard des femmes et des filles est l’une des atteintes aux droits de la personne les plus fréquentes dans le monde, se produisant et se répétant au quotidien dans tous les pays. Elle entraîne pour celles qui en sont victimes de graves conséquences physiques, économiques et psychologiques, à court et à long terme, entravant leur participation pleine et égalitaire à la vie en société. L’ampleur de son impact, tant sur les survivantes que sur leurs familles et même sur l’ensemble de la société, est incommensurable. La nouvelle « normalité » créée par la pandémie – notamment les mesures de confinement, les restrictions à la mobilité, l’isolement accru, le stress et l’incertitude économique – a provoqué une flambée alarmante de la violence domestique et expose les femmes et les filles à d’autres formes de violence, par exemple le mariage d’enfants ou le harcèlement sexuel en ligne. Cette FAQ donne un aperçu des nombreuses formes de violence qui existent, en expliquant certains termes et concepts communément utilisés, que tous les défenseurs et défenseuses de l’égalité des sexes devraient connaître et inclure dans leur vocabulaire.
Concepts clés
Violence basée sur le genre
La violence basée sur le genre (VBG), parfois aussi appelée violence sexiste, se réfère à l’ensemble des actes nuisibles, dirigés contre un individu ou un groupe d’individus en raison de leur identité de genre. Elle prend racine dans l’inégalité entre les sexes, l’abus de pouvoir et les normes néfastes. Cette expression est principalement utilisée pour souligner le fait que les déséquilibres de pouvoir, structurels, fondés sur le genre, placent les femmes et les filles dans une position leur faisant courir un plus grand risque d’être l’objet de multiples formes de violence. Et même si ce sont elles qui souffrent de façon disproportionnée de la VBG, elles ne sont pas les seules et les hommes et les garçons peuvent aussi en être la cible. L’expression est également parfois utilisée pour décrire la violence à l’encontre des populations LGBTQI+, s’agissant de la discrimination dont elles font l’objet, liée en particulier aux normes de masculinité/féminité et/ou de genre.
Violence à l’égard des femmes et des filles
La violence à l’égard des femmes et des filles se définit comme tout acte de violence basée sur le genre entraînant, ou pouvant entraîner, des souffrances ou des troubles physiques, sexuels ou mentaux. Cette définition inclut la menace de tels actes, la coercition ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou privée. De même, la violence à l’égard des femmes et des filles englobe, sans s’y limiter, la violence physique, sexuelle et psychologique intrafamiliale ou au sein de la communauté en général, et qui est perpétrée ou tolérée par l’État.
Survivant/e de la violence
Le terme de survivant/survivante de violence désigne toute personne ayant subi des violences sexuelles ou basées sur le genre. Il est synonyme de « victime », mais est généralement préféré parce qu’il implique la notion de résilience.
Consentement
Non signifie Non, et Oui signifie Oui. Le consentement est l’accord donné par une personne à une autre pour avoir des relations sexuelles ou pour se marier. Il doit être donné librement et expressément. Il n’est pas possible de parler de consentement lorsqu’une personne est sous l’emprise de la drogue ou de l’alcool, ou est mineure. Le consentement est une décision unique, ce qui signifie que le consentement à un acte n’implique pas le consentement à d’autres actes, et il est réversible, ce qui signifie qu’il peut être retiré à tout moment.
Formes de violence à l’égard des femmes
Violence domestique
La violence domestique, également appelée abus domestiques ou violence entre partenaires intimes (ou conjugale), est tout modèle de comportement visant à exercer et à maintenir un pouvoir ou contrôle sur l’autre. Elle englobe toutes sortes d’actes physiques, sexuels, émotionnels, économiques et psychologiques (ou la menace de tels actes) de nature à influencer une autre personne. À l’échelle mondiale, c’est l’une des formes de violence les plus courantes subies par les femmes.
La violence domestique se réfère en général à la typologie suivante :
Violence économique
Elle consiste à rendre (ou tenter de rendre) une personne financièrement dépendante en maintenant un contrôle total sur ses ressources financières, en refusant l’accès à l’argent et/ou en lui interdisant d’aller à l’école ou de travailler.
Violence psychologique
Elle consiste à provoquer de la peur par l’intimidation ; à menacer de se nuire à soi-même, à son partenaire ou à ses enfants, à détruire des biens, voire des animaux de compagnie ; à jouer un « jeu psychologique » ou manipulateur ; ou à obliger à l’isolement de la personne, en la privant de voir ses amis, sa famille, d’aller à l’école ou au travail.
Violence émotionnelle
Elle consiste à miner le sentiment d’estime de soi d’une personne par le biais de critiques constantes, à la déconsidérer en minimisant ses capacités, à la traiter de tous les noms ou à proférer des menaces verbales, à nuire à la relation du partenaire avec ses enfants ou encore à ne pas le/la laisser voir ses amis et/ou sa famille.
Violence physique
Elle suppose une agression physique ou une tentative d’agression du partenaire — coups et blessures, coups de pied et coups de poing, brûlures, tirage par les cheveux, gifles, pincements, morsures, etc. — en refusant l’accès aux soins médicaux ou en obligeant à la consommation d’alcool et/ou de drogues, ou en utilisant tout type de force physique. Elle entraîne aussi parfois des dégâts matériels.
Violence sexuelle
Elle consiste à forcer un partenaire à prendre part à un acte sexuel sans son consentement. (Pour en savoir plus sur la violence sexuelle, voir ci-dessous.)
En savoir plus : Quels sont les signes d’une relation abusive ?
Féminicide
Le féminicide désigne l’assassinat ou le meurtre d’une femme simplement parce qu’elle est une femme, mais peut aussi faire référence à toute mort donnée à une femme ou une fille. Le féminicide diffère toutefois de l’homicide, car c’est un crime perpétré dans des circonstances spécifiques. En effet, la plupart des cas de féminicide sont commis par des partenaires ou des ex-partenaires et sont le résultat de longs abus commis au sein du foyer, de menaces ou d’agissements intimidants, de violences sexuelles ou de situations où les femmes ont moins de pouvoir ou de ressources que leur conjoint ou ex-conjoint.
Crime d’honneur
Le crime d’honneur est le meurtre d’un membre de la famille, le plus souvent d’une femme ou d’une fille, au motif présumé qu’elle aurait jeté le déshonneur sur la famille ou lui aurait fait honte. Ces crimes sont souvent liés à la transgression de la pureté sexuelle et à d’autres comportements prétendument immoraux de la part de ce membre de la famille.
Violence sexuelle
Il s’agit de tout acte sexuel commis contre la volonté de la personne qui la subit, soit qu’elle s’y refuse, soit qu’elle ne puisse donner son consentement en toute connaissance de cause : cas des enfants, des handicapés, de toute personne sous l’emprise de l’alcool ou de la drogue privée de ses moyens, inconsciente, etc.
Les violences sexuelles couvrent les situations suivantes :
Harcèlement sexuel
Il se réfère aux comportements très suggestifs impliquant des contacts physiques non consensuels, des attouchements, pincements, frottements à connotation sexuelle contre le corps d’une autre personne. Il peut aussi faire allusion à des comportements non directement physiques, comme des sifflets, des commentaires de caractère sexuel sur le corps ou l’apparence d’une personne, à des demandes de faveurs sexuelles, des regards soutenus et des fixations sur toute autre personne, le fait de la suivre ou de la guetter, ou encore à des actes d’exhibitionnisme.
Viol
Le viol est tout acte de pénétration vaginale, anale ou orale non consentie, commis sur une autre personne en utilisant une partie du corps ou un objet. Il peut être commis par toute personne connue ou inconnue de la victime, même dans le cadre de relations matrimoniales ou autres, ou lors de conflits armés.
Viol correctif
Le viol de correction ou correctif est une forme de viol perpétré contre une personne en raison de son orientation sexuelle ou de son identité de genre. Il est destiné à inciter la victime à adopter un comportement hétérosexuel ou une identité de genre « normalisée ».
Culture du viol
Il s’agit d’un environnement social favorisant la normalisation et la justification de la violence sexuelle. Elle est enracinée dans le patriarcat et est alimentée par la persistance des inégalités entre les sexes et les préjugés se rapportant au genre et à la sexualité.
En savoir plus : 16 façons de lutter contre la culture du viol
Traite des êtres humains
La traite des êtres humains est l’acquisition et l’exploitation de personnes, par divers moyens tels que la force, la fraude, la coercition ou la tromperie. Ce crime odieux piège des millions de femmes et de filles dans le monde, dont beaucoup finissent par être sexuellement exploitées.
Mutilations génitales féminines
Les mutilations génitales féminines (MGF) font référence à des procédures destinées à altérer délibérément les organes génitaux féminins ou à causer des lésions pour des raisons qui ne sont pas médicales. Elles sont classées en quatre grandes catégories, et tant les pratiques que les motivations qui les sous-tendent varient d’un pays à un autre. Les MGF résultent de normes sociales, souvent considérées comme une étape nécessaire à la préparation des filles pour leur mariage et leur entrée dans l’âge adulte ; elles sont généralement motivées par des croyances anciennes sur le genre et ce qui doit être son expression sexuelle appropriée. Elles ont été reconnues pour la première fois comme une forme de violence en 1997 par le biais de la déclaration conjointe émise par l’OMS, l’UNICEF et le FNUAP.
Mariage des enfants
Le mariage d’enfants désigne tout type de mariage où l’un des conjoints ou les deux sont âgés de moins de 18 ans. Il est contraire à la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui énonce : « Le mariage ne peut être conclu qu’avec le libre et plein consentement des futurs époux ». Les filles sont plus susceptibles d’être mariées alors qu’elles ne sont encore que des enfants et, par conséquent, d’être forcées d’abandonner l’école en s’exposant à d’autres formes de violence.
Violence en ligne ou numérique
La violence en ligne ou violence numérique, à l’égard des femmes en particulier, désigne tout acte de violence commis, assisté ou aggravé par l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (téléphones mobiles, Internet, médias sociaux, jeux informatiques, messagerie de texte, courriels, etc.) simplement parce qu’elles sont des femmes.
Les violences en ligne prennent diverses formes :
Cyberintimidation
La cyberintimidation (cyberbullying) consiste à envoyer des messages intimidants ou menaçants.
Sexting non consensuel
L’envoi de messages à connotation sexuelle ou sexting non consensuel implique la transmission électronique de messages ou de photos explicites sans le consentement du destinataire.
Doxing
Il s’agit de la diffusion publique de renseignements privés de la victime ou relatifs à son identité.
Le changement commence par vous et avec vous.
Agissez dès aujourd’hui pour contribuer à mettre fin à la violence à l’égard des femmes. Découvrez comment ►