Genre et Développement au Sein du Parlement Nigérien

Date:

Crédit photo ONU Femmes
Crédit photo ONU Femmes

ONU Femmes Niger en collaboration avec le Réseau Parlementaire sensible au genre a organisé le 11 juin 2016 une journée d’informations et de sensibilisation parlementaire en genre, développement et en parlement sensible au genre. La session a enregistré la participation de 112 députés hommes et femmes, du Ministre chargé des relations avec les institutions de l’Etat, Mr Bakï Issoufou, et de 21 membres du personnel de l’Assemblée Nationale (directeurs de cabinets, conseillers, huissiers, etc.). L’objectif visé était de sensibiliser au moins 2/3 des parlementaires sur les concepts du genre et de souligner le rôle du Parlement dans sa prise en compte systématique.

Mme Ali Mariama ElHadj Ibrahim, Présidente du Réseau Parlementaire sensible au genre, a mis l’accent dès le début de la formation sur l’importance d’un développement inclusif : « le développement ne peut se concevoir en mettant en marge les femmes qui constituent plus de la moitié de notre population ».  La session s’est poursuivie  avec l’exposé de Mme Alou Fati, Spécialiste en Genre du PNUD, qui a démontré que le genre est à la fois un concept sociologique, une approche de développement, une stratégie opérationnelle et une méthode d’analyse orientée sur l’égalité et l’équité entre hommes et femmes. Elle a par la suite axé son intervention sur la différence entre égalité et équité. Ainsi, l’égalité implique une idée de parité. Sur le plan juridique, a-t-elle ajouté, « c’est le principe selon lequel tous les citoyens peuvent se prévaloir des mêmes droits : égalité civile, égalité politique, égalité sociale, égalité des chances et égalité de traitement. » Quant au concept de l’équité, elle le définit comme la participation de tous au processus de développement et l’application soucieuse des spécificités entre les sexes dans toutes les activités ; l’équité véhicule un sens de justice.

Crédit photo ONU Femmes
Crédit photo ONU Femmes

La deuxième partie de la formation a essentiellement porté sur les rôles que le Parlement doit jouer dans l’émancipation politique des femmes. Mme Yonli Maimouna Seyni Yayé, Responsable Genre et élections à ONU Femmes/ Niger a souligné que la participation d’hommes et de femmes en politique et dans le processus de prise décisions est un moyen très efficace de lutte contre le sous-développement et de toute forme d’inégalités basées sur le genre. Elle a rappelé que selon une étude de la Banque Mondiale, les pays aux inégalités genre grandissantes et persistantes paient le prix de plus de pauvreté, de malnutrition et de maladies et à contrario les pays avec moins d’inégalités genre ont des économies plus fortes. Elle a rajouté que le Parlement avait trois fonctions essentielles dans la prise en compte du genre :

  • Renforcer le plaidoyer visant à prendre en compte toutes les catégories socioculturelles du peuple qu’il représente
  • Proposer ou autoriser des législations en faveur du genre en fournissant un modèle aux organismes gouvernementaux et autres organisations pour l’intégration de la dimension genre dans les procédures et pratiques institutionnelles
  • Assurer une fonction de contrôle parlementaire lui permettant de veiller à l’implication et la prise en compte du genre dans son travail quotidien et de veiller à la mise en œuvre effective des législations existantes en matière de genre

Crédit photo ONU Femmes
Crédit photo ONU Femmes

Cette formation et les discussions engendrées ont permis de mettre en avant que les textes actuels de l’Assemblée Nationale n’offrent pas d’opportunités aux députés femmes de participer aux sphères de prise de décisions au sein du Parlement.  A titre indicatif, sur les 7 Commissions parlementaires, aucune n’est dirigée par une femme.  De plus, sur les 15memebres de bureau du parlement composé du président, les six (6) vices présidents, six (6) secrétaires parlementaires et deux (2)questeurs, on ne dénombre que 3 femmes secrétaires qui jouent uniquement le rôle de rapporteurs et ne participent pas à la conférence  des Présidents qui est la principale instance de prise de décisions.