Formation des acteurs économiques : le genre n’est pas une affaire des femmes mais plutôt d’inclusion
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Kinshasa, vendredi 20 mai 2022- La dernière session de formation sur l’intégration genre dans les programmes de développement en faveur des cadres de l’unité de coordination du projet (UCP) et des partenaires du Projet d’Appui au Développement des Micro, Petites et Moyennes Entreprises (PADMPME) s’est clôturée vendredi 20 mai 2022 à Kinshasa.
L’objectif de l’atelier était de renforcer les compétences des acteurs du PADMPME sur les principes de l’égalité entre hommes et femmes et les outiller pour qu’ils puissent non seulement intégrer la dimension genre dans les différentes interventions du projet mais aussi savoir comment intégrer le genre dans les propositions des textes sur les micros, petites et moyennes entreprises.
Dans son mot d’ouverture, Alexis Mangala, coordonnateur national du PADMPME a expliqué que la prise en compte de la dimension genre est au centre des préoccupations du projet. « Dans sa conception et dans sa formulation, le PADMPME est un projet conçu d’abord pour les femmes, actrices de première force de l’économie de notre société. La femme congolaise mérite des encouragements pour lui permettre de consolider ce qu’elle fait déjà de manière si admirable » a-t-il déclaré. Il a ajouté que la problématique du genre est bien plus qu’une simple question de sexe. « C’est une nécessité sociale et sociétale qui doit mobiliser nos énergies pour fonder les relations entre les différentes composantes de la société pour une harmonie propice à la promotion économique et sociale », a-t-il interpellé.
Par ailleurs, Judith Kisimba, Directrice adjointe de l’Institut National des statistiques (INS) nous a confié que c’était important pour elle d’apprendre que le genre n’est pas seulement favoriser ou appuyer les femmes, mais aussi prendre en compte toutes les personnes défavorisées. « C’était très important pour moi, parce qu’à l’époque, quand on me disait genre, je voyais homme-femme », a-t-elle confié. Le fait de connaitre que le genre intègre aussi la prise en charge des personnes vivant avec un handicap permet à la Directrice adjointe d’avoir une meilleure compréhension de cette approche.
En outre, elle a souligné qu’à travers cette formation, elle a vu l’importance de l’INS dans la réalisation des projets parce que c’est cette institution qui fournit les données désagrégées. « C’est à notre niveau que vous pouvez avoir des chiffres de tout ce que vous cherchez, même quand vous cherchez les chiffres des femmes qui travaillent dans la société, des femmes qui sont entrepreneures, c’est au niveau de la statistique que vous pouvez les trouver », a-t-elle dit. Elle a renchéri en donnant l’exemple sur le recensement général des entreprises effectué en 2019 : « Nous avons désagrégé ces données-là pour trouver celles des femmes, par exemple les femmes qui sont entrepreneures, les femmes qui sont cheffes d’entreprise, les femmes qui sont dans les milieux très reculés. On peut avoir ces données-là pour que ONU Femmes atteigne effectivement ces gens qui ont besoin de cet appui-là. »
Quant à lui, Freddy Mputakese, sous-directeur en charge du climat des affaires au sein de l’ANAPI (Agence Nationale pour la Promotion des Investissements), affirme que cette formation l’a beaucoup intéressé. Étant chargé de suivi et d’évaluation des reformes, il a été ravi d’apprendre que le concept genre doit être intégré dans le cycle de tout projet : « Dès l’étape de l’identification, de l’élaboration du projet, de la mise en œuvre, du suivi et de l’évaluation du projet, il faut intégrer à chaque étape la notion du genre, ce que j’ai trouvé très intéressant », a-t-il souligné. Ce qui l’a plus attiré, c’est l’intégration du genre dans la définition des indicateurs. En fin de compte, il a compris ce qu’était réellement le genre. « J’avais une compréhension erronée et biaisée du genre, maintenant, je comprends en effet que le genre c’est l’être humain, c’est un concept qui évolue par rapport au contexte, par rapport à la culture, etc. », a précisé M. Mputakese.
Il a expliqué qu’avec l’impulsion sur les reformes pour améliorer le climat des affaires et au niveau de la promotion, ANAPI développe déjà beaucoup d’activités sur l’entrepreneuriat féminin. Selon Freddy, il y a déjà cette idée de prise en compte de la notion genre mais en restituant cet atelier, ils vont beaucoup insister sur la prise en compte du genre en mettant en place des stratégies pour prendre davantage cette notion dans leurs activités.
Rosnert Ludovic Alissoutin, chef de mission du projet de réforme et de dissémination des textes de lois dans le cadre du PADMPME, a salué la forte présence et la motivation des apprenantes et apprenants et rappelé toute l’importance que ONU Femmes accorde à cette formation.
Cet atelier intervient dans le cadre du Projet d’Appui au Développement des Micro, Petites et Moyennes Entreprises (PADMPME) dans sa composante « Amélioration de l’environnement des affaires » mise en œuvre par ONU Femmes. Depuis le lancement de ces formations sur l’intégration du genre dans les programmes de développement, au total, 155 personnes dont 67, 1% femmes et 32, 9% d’hommes ont été formées dans les quatre villes de mise en œuvre du projet.
Pour rappel, le Gouvernement de la République Démocratique du Congo a obtenu de la Banque Mondiale un crédit pour financer le Projet d’Appui au Développement de MPME, dénommé PADMPME, dans le cadre de sa stratégie de développement du secteur privé. Ce projet qui a comme slogan « Des lois favorables à l’entrepreneuriat équitable », est mis en œuvre dans les quatre principaux centres urbains du pays : Kinshasa, Lubumbashi, Goma et Matadi.