Augmenter le revenu des femmes par un projet de production d’agriculture résiliente aux changements climatiques en Côte d'Ivoire
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"J'étais au plus bas niveau, tout à fait en bas, quand j'ai pris connaissance de ce programme d'ONU Femmes", dit Blah Pauline Ninhouet, 60 ans, originaire de Korhogo, une région du nord de la Côte d'Ivoire. Mme Ninhouet fait référence à un projet d'agriculture résiliente aux changements climatiques, lancé par ONU Femmes au début de l’année 2017, en partenariat avec le Ministère de la Famille, de la Protection de l'Enfance et de la Solidarité. Ce programme, financé par le gouvernement du Japon, a pour but d’autonomiser les femmes rurales dans le secteur de la production de beurre de karité.
Pendant des années, Ninhouet a enduré le travail pénible de production du beurre de karité en avec la méthode traditionnelle. C'est sa seule source de revenus pour nourrir et payer les frais de scolarité ses filles. Le revenu qu'elle gagnait était maigre, même avec l’aide de ses quatre filles.
Aujourd'hui, Ninhouet rêve grand. Elle envisage d'ouvrir une entreprise pour vendre des produits cosmétiques BIO dérivés du beurre de karité.
Selon l'Institut National de Statistiques, en Côte d'Ivoire, les femmes représentent près de 70% de la main-d'œuvre agricole, mais seulement 3% des femmes sont propriétaires de terres. Le pays se classe également au cinquième rang des producteurs de beurre de karité, extrait des noix du karité et largement utilisé dans les cosmétiques.
La production de beurre de karité est largement considérée comme un travail de femme, et c'est un travail difficile. Car la méthode traditionnelle utilisée pour la production du beurre de karité est très physique, et les produits ne répondent pas aux normes de qualité internationales. Ce, sans compter que la marge bénéficiaire reste faible. A cela s’ajoute la déforestation croissante qui représente une menace majeure pour le secteur. Les femmes comme Ninhouet tiraient jusqu’à dernièrement de faibles revenus de ce travail fait à la sueur de leurs fronts.
En investissant dans le secteur du karité, le programme ONU Femmes-Gouvernement de la Côte d'Ivoire a fourni une solution intelligente face aux changements climatiques pour réduire la déforestation, tout en renforçant l'autonomisation économique des femmes rurales.
Depuis octobre 2017, ONU Femmes a formé 300 femmes de diverses coopératives de 9 régions de la Côte d’Ivoire sur les meilleures pratiques de fabrication du beurre de karité. ONU Femmes a aussi amélioré les équipements de production afin que les produits correspondent aux normes de qualité et puissent être compétitifs. D’ici octobre 2018, le programme envisage de former plus de 1 200 femmes en Côte d'Ivoire.
En outre, le programme fournit également un financement et un accès au marché pour les femmes dans le secteur du karité.
« Aujourd’hui, je me retrouve à rêver de choses dont je n’osais rêver auparavant... Nous ne nous considérons plus comme des femmes pauvres qui essaient de survivre avec les maigres revenus tirés de la méthode traditionnelle de production de beurre de karité. Nous pouvons maintenant vendre nos produits cosmétiques naturels sur le marché. Lorsque nous aurons bientôt la certification, ce sera encore mieux », a déclaré Lydie Kambou, présidente de la coopérative des femmes de Bouna.
La certification Bio, que le programme vise à atteindre à l’horizon 2018, contribuera grandement à augmenter la valeur ajoutée du beurre de karité..
Le soutien d'ONU Femmes au secteur du karité vise en fin de compte à autonomiser les femmes dans ce secteur, afin qu'elles puissent certifier leurs produits comme biologiques, répondre aux normes de qualité internationales et commercialiser leurs produits sur les marchés internationaux, avec un gain potentiel de 400% » déclare Mame Khary Diene, experte en chaine de valeur d'ONU Femmes.
Cette année, suite au lancement de la campagne HeForShe en Côte d'Ivoire par le Président Alassane Ouattara, le chef du village de Bouna, ville natale de Lydie Kambou, a accordé 25 hectares de terres aux femmes travaillant dans le secteur du karité. Ce qui est un pas important vers la protection de la terre et des arbres de karité de la déforestation, et l’augmentation de la capacité de production des femmes locales.