A Kinshasa, on réclame que la dissémination passe à une grande échelle

A Kinshasa, on réclame que la dissémination passe à une grande échelle 

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Sensibilisation sur les textes de lois favorables à l’entrepreneuriat féminin à l'église de Mangebo à Kinshasa. Photo © ONU Femmes/ Solange Nyamulisa
Sensibilisation sur les textes de lois favorables à l’entrepreneuriat féminin à l'église de Mangebo à Kinshasa. Photo © ONU Femmes/ Solange Nyamulisa

Parmi les activités phares qui ont eu lieu cette année au courant du mois de mars pour promouvoir et protéger l'égalité des droits des femmes, notons les sensibilisations dans les églises et les causeries conscientisantes organisées par ONU Femmes avec ses partenaires regroupés au sein des mécanismes communautaires notamment le Comité Provincial de Plaidoyer (COPROP) et les ACEF (Alliances Communautaires pour l'Entrepreneuriat Féminin).

L’objectif de ces sensibilisations et les causeries conscientisantes était de faire connaître aux femmes et aux jeunes les textes de lois qui leur sont favorables pour améliorer leur climat des affaires et aussi leur rappeler les devoirs qui leur incombent en tant qu'entrepreneurs.  

La présidente du Forum de l'Entrepreneuriat des Femmes Congolaises (FEFCO), Marie Helene Ngoie, rencontrée à l’église St Jeanne d’Arc où elle faisait la sensibilisation, a déclaré que beaucoup de femmes ignorent les avantages contenus dans certaines lois du pays. « Nombreuses sont celles, ignorantes par rapport à nos lois, par rapport à tout ce que nous avons comme avantages en tant que femmes, en tant que femmes entrepreneures, en tant que femmes qui travaillent et qui peuvent profiter des deux tout en étant travailleuses et entrepreneures. C’est un devoir pour nous de sensibiliser la femme qu’elle soit informée, qu’elle soit formée, qu’elle sache qu’elle n’est pas seule, qu'elle est accompagnée par les lois, que le gouvernement lui donne le droit de travailler, de quitter l’informel vers le formel, c’est-à-dire obtenir tout ce qui a comme document au niveau de guichet unique et elle va travailler aisément. » Elle a ajouté que souvent dans l’ignorance, les femmes entrepreneures enregistrent beaucoup de pertes : « Elles sont victimes de tracasseries, il y a des gens qui s’amènent, tu dois payer tel document, tu dois payer ceci, cela et tout en étant ignorante, elle paie tout le temps et à la fin du mois, elle va se retrouver dans une situation où elle aura dépensé plus que ce qu'elle n'aura gagné. »

Sensibilisation sur les textes de lois favorables à l’entrepreneuriat féminin à l'église St Gonza à  Kingabwa. Photo © ONU Femmes/ Solange Nyamulisa
Sensibilisation sur les textes de lois favorables à l’entrepreneuriat féminin à l'église St Gonza à Kingabwa. Photo © ONU Femmes/ Solange Nyamulisa

Différentes organisations ont sillonné six églises de la ville de Kinshasa pour sensibiliser sur les cinq lois sélectionnées dont la loi sur le code de la famille, code du travail, les violences sexuelles, la loi sur l’OHADA (Organisation pour l'harmonisation en Afrique du droit des affaires) et la création du Guichet Unique.

Gloria, étudiante, fonctionnaire publique et propriétaire d’un petit business où elle vend des yaourts et des gaufres qu’elle fabrique elle-même, a été l’une de 291 personnes sensibilisées à l’église Mangebo. Quelques jours après la sensibilisation, elle nous confie qu’avant cela, elle a toujours été réticente pour légaliser son business parce qu’elle craignait de se faire escroquer en allant chercher les documents. Mais en apprenant qu’au Guichet Unique de création d’entreprise elle peut légaliser son entreprise en payant seulement 30 USD par an et avoir ses papiers dans trois jours, elle a pris la résolution de le faire. « Je compte le faire parce qu’avec la patente obtenue à la commune, tu n’as pas la probabilité d’avoir un crédit, avec les documents légaux, ça peut me propulser, je peux ouvrir à un autre endroit », a-t-elle fièrement déclaré.

La première causerie conscientisante a eu lieu avec les organisations des femmes et jeunes entrepreneurs animés par les experts de l’ANADEC et la seconde avec les femmes commerçantes de Kinshasa organisée en collaboration avec le Commissariat Général en charge des Affaires Sociales, Genre, Famille et Personnes Vulnérables. Lors d’une des causeries conscientisante, Rosnert Ludovic, chef de mission du projet de réforme et de dissémination des textes de lois en faveur des femmes dans le cadre du PADMPME a déclaré :  « Ce que nous faisons maintenant, c’est la dissémination, mais c’est aussi de la collecte des éléments de plaidoyer parce que vous n’irez pas devant l’Assemblée Nationale pour faire des revendications vagues, vous direz, nous voulons ceci, nous voulons cela, donc on est en train de récolter tout ça pour faire un document solide qu’on présentera aux autorités pour leur dire des choses claires. Nous voulons un guichet unique, par exemple, des paiements des impôts, nous voulons des sanctions contre les vautours fiscaux qui viennent réclamer des taxes qui ne sont pas prévues par la loi. »

Au total, deux causeries conscientisantes et six sensibilisations ont eu lieu au courant de ce mois de mars et 1305 personnes dont 899 femmes, 321 jeunes et 85 hommes ont été touchées.

Les neuf organisations notamment, FEPAKIN (Fédération des Paysans producteurs Agricoles de Kinshasa), RENAFER (Réseau National des Associations des Femmes Rurales), RENADEF (Réseau National des ONG pour le Développement de la Femme), FEFCO (Forum d’entrepreneuriat des Femmes Congolaises), RAF (Réseau Action Femme), LHAAPS, AFEECO (Association des Femmes Entrepreneurs du Congo), COPEMECO (Confédération des Petites et Moyennes Entreprises) et NCCN RDC (Nouvelle Chambre de Commerce Nationale), qui ont travaillé volontairement pour faire ces sensibilisations, vont bientôt se retrouver pour évaluer, tirer des leçons et préparer un argumentaire pour le plaidoyer. Cette phase pilote de dissémination communautaire va permettre de préparer la dissémination à grande échelle qui va débuter le mois prochain. 

Rappelons que ces sensibilisations interviennent dans le cadre du PADMPME, un programme du gouvernement congolais financé par la Banque Mondiale et dont ONU Femmes intervient sous la composante reforme et dissémination des textes de lois en faveur des femmes dans le site de Kinshasa, Matadi, Goma et Lubumbashi.