Le secteur informel en RDC, un espace peu maîtrisable

Le secteur informel en RDC, un espace peu maîtrisable 

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Une entrepreneure expose ses produits à la FIKIN. Photo © ONU Femmes

Une entrepreneure expose ses produits à la FIKIN. Photo © ONU Femmes

Selon le Recensement Général des Entreprises menée par l’Institut National de la Statistique en 2019, la non-possession du numéro d’identification de la sécurité sociale concerne presque toutes les unités économiques en RDC (99,4%). Cette tendance s’observe également pour la possession des autres documents que sont le RCCM (96,9%), le Numéro d’Identification Nationale – IDNAT (97,3%) et le numéro d’identification fiscale – NIF (98,2%). Ainsi, 0,4% des unités économiques en RDC possèdent tous les documents officiels requis. 0,5% des unités économiques tiennent une comptabilité formelle OHADA. 0,2% tiennent une comptabilité formelle autre que OHADA. 38,5% tiennent une comptabilité non formelle (carnets, notes personnelles, etc.) 62,8% des entreprises ne tiennent pas de comptabilité écrite.

La RDC est caractérisée par un secteur informel très important peu connecté aux marchés porteurs. Les unités de production informelles déclarent souffrir de difficultés d’écoulement de leurs produits, et souvent de difficultés d’approvisionnement en matières premières. Lorsqu’on ambitionne de déployer une politique d’appui à l’entreprenariat féminin, comment le faire avec méthode dans un secteur happé par la débrouillardise quotidienne et Rebel à toute systématisation ? Comment adresser des politiques publiques cohérentes et stables à un secteur privé happé par l’informel donc par la déstructuration avec une hétérogénéité allant des activités précaires de survie aux petites et moyennes entreprises, à cheval sur la formalité et l’informalité ? Comment promouvoir l’accès des entreprises à la commande publique lorsque moins d’un pour cent d’entre elles remplit les conditions minimales (existence juridique, identité bancaire, etc.) de contractualisation ?

Une entrepreneure vivant avec handicap expose ses produits à la FIKIN. Photo © ONU Femmes
Une entrepreneure vivant avec handicap expose ses produits à la FIKIN. Photo © ONU Femmes

Les critères d’appréciation du climat des affaires doivent être adaptés, pour la RDC, à l’hypertrophie du secteur informel ainsi qu’à la taille très réduite et l’anémie financière des unités économiques qui y évoluent.

Les délais d’enregistrement, les procédures administratives compliquées et les coûts administratifs sont autant de facteurs qui concourent à décourager davantage les entrepreneurs d’opérer légalement. En conséquence, le non-respect des lois devient le seul moyen de survivre (Latouche, 1991). Par ailleurs, aspirées par les tâches domestiques et souvent frappées par l’analphabétisme, les femmes ont peu d’opportunités pour accéder à l’information sur le marché.

L’enquête par grappes à indicateurs multiples avec volet paludisme (MICSPalu, RDC,2018) indique que le pourcentage de femmes de 15-49 ans qui, au moins une fois par semaine, lisent un journal ou un magazine, écoutent la radio et regardent la télévision est de 1,5 contre 5,5 chez les hommes.

Malgré la difficulté d’intervenir dans ce secteur quasi-chaotique malgré les avancées, les appuis sont vivement attendus. En effet, c’est dans l’économie informelle que se concentre la majorité des femmes et des pauvres, or c’est aussi à ce niveau que les efforts des instances officielles en matière de protection sociale sont largement insuffisants. Les femmes font essentiellement le commerce des denrées périssables, avec une forte concurrence et des taux de déperdition élevés ; elles sont souvent à peine capables de générer des revenus suffisants pour renouveler leur stock et achètent souvent à crédit aux fournisseurs à des conditions très défavorables. Raison pour laquelle leurs emplois restent précaires.