Combler le fossé : les radios communautaires en RDC
90 journalistes de radios communautaires ont renforcé leurs capacités sur l'inclusion du genre dans les médias, ainsi que l'importance des clubs d'écoute, lors d'ateliers de 5 jours qui se sont déroulés dans les villes de Kinshasa, Lubumbashi, Matadi et Goma, en RDC, tout au long du mois de juin 2023 .
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En RDC, les radios communautaires restent le média le plus vital pour que l'information atteigne les communautés éloignées et les villages en dehors des zones urbaines. Pour tenir ces radios informées des besoins et des opinions de leur public, des clubs d'écoute communautaires dirigés par des leaders communautaires, des organisations de la société civile et d'autres acteurs clés existent dans tout le pays. Les journalistes locaux agissent comme un pont pour tenir ces communautés au courant de toutes les nouvelles, y compris politiques, économiques et juridiques. Tel que exprimé par chef du programme WEE, M. Rosnert Ludovic Alissoutin: «L’implication des radios communautaires dans la construction et la dissémination des messages favorables à l'entrepreneuriat des femmes est très stratégiques parce qu'il s'agit de médias de proximité qui ont une relation directe avec les femmes entrepreneures et leurs communautés d'appartenance».
En tant que vecteur essentiel de communication à l'échelle nationale, les radios communautaires jouent un rôle énorme soit dans l’éradication, soit dans la promotion des rôles stéréotypés de genre, la masculinité toxique et le langage nuisible.
C'est dans cette optique qu'ONU Femmes RDC, dans le cadre du PADMPME, projet de diffusion des textes juridiques faisant référence à l'entrepreneuriat féminin au sein du pilier Autonomisation économique des femmes, s'est mobilisée pour offrir à ces journalistes actrices du changement une formation engageante sur l'intégration de la perspective de genre dans leur métier. Aux côtés des principales radios communautaires, des membres de l'ACEF (Alliance communautaire pour les entrepreneures féminines) ont participé aux ateliers, afin d'apporter un point de vue communautaire et d'assurer une synergie future entre les médias et les besoins de la communauté.
L'information est essentielle pour promouvoir l'autonomisation économique au sein des communautés de la RDC. Savoir comment enregistrer une entreprise, entendre des histoires de femmes qui ont démarré leur propre entreprise avec succès, apprendre à s'inscrire pour voter ou comprendre comment identifier et dénoncer les violence basées sur le genre et sexuelles, sont des informations essentielles que chaque femme devrait avoir. Plus largement, ces informations sont essentielles pour faire progresser l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes dans le pays.
Alors que les radios sont la forme de média la plus répandue, de nombreuses personnes dans les communautés éloignées restent déconnectées de celles-ci ou n'ont tout simplement pas le temps d'écouter les programmes radio. Les clubs d'écoute désignés sont dans ces cas chargés de reléguer l'information aux communautés qu'ils représentent, puis d'informer les stations de radio des opinions et des besoins d'information des gens. «Nous, en tant que clubs d’écoute et ACEF, nous sommes responsables de devenir un pont entre les femmes rurales et la radio, de partager l’information pour les édifier. Nous devons descendre sur terrain pour aller sensibiliser les femmes sur leurs droits» a partagé Madame Philippine Dindimba Malenga, membre de l’ACEF. «La formation nous a vraiment appris comment nous associer à la radio, nous avons modifié notre manière de travailler avec eux.»
Les ateliers comprenaient une introduction aux termes de genre, à l'égalité des sexes, à l'autonomisation et à la numérisation, ainsi que des sessions participatives approfondies sur l'importance des clubs d'écoute et l'utilisation correcte de différents types de médias et de langage pour partager des histoires de femmes et des histoires sur des sujets sensibles, comme les violences faites aux femmes et filles. «On a appris sur les méthodes à utiliser au sein de notre travail quotidien, qui consiste à informer la population à comment insérer le genre et mettre la femme dans la même diapason que l’homme dans la société» a conclu Madame Maguy Kembo, journaliste participante à la formation de Matadi. Les sessions ont été animées par des responsables de programme, des sociologues et des experts en communication, et étaient très engageantes, sous forme de travaux de groupe, de jeux et de tables rondes. Au cinquième rendez-vous, des groupes formés d'un mélange de journalistes et de membres de l'ACEF ont présenté leurs projets finaux, où ils ont intégré toute la théorie apprise dans une émission réelle.
À la fin des cinq jours, non seulement les journalistes et les membres de l'ACEF se sont sentis plus confiants pour communiquer sur les questions de genre, mais de nouveaux partenariats entre les deux secteurs ont été formés, ainsi que de nouveaux clubs d'écoute et amitiés. Les ACEF se sont senties plus proches de leurs médias locaux et capables de connaître les besoins et les opinions de la communauté et ont mieux compris leur rôle pour combler le fossé entre l'information et les personnes qui n'y ont pas directement accès. «L’ACEF est notre partenaire à vie, pour la presse. On a compris l’importance de nos frères et soeurs aux clubs d’écoute qui sont la pour partager leurs avis et travailler avec la chaine pour l’épanouissement de la société. Merci à ONU Femmes pour cette initiative» a exprimé Bénis Joseph Feruzi, journaliste participant à la formation de Matadi.