Marie et son Maquis « Le Jackpot », un an et demi après l’appui d’ONU Femmes
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Marie Droh affiche un grand sourire fier lorsqu’elle nous accueille sous le toit en paille de son maquis. Ses paillottes et sa terrasse, elle les a construites grâce à la tontine de son organisation de femmes commerçantes, les Amazones de Danané. La tontine, en 2014 était de 6000 CFA par femme. Les années précédentes étaient à 2'500 CFA. L’augmentation lui permet alors d’agrandir son maquis et de construire les paillotes. Cette année-là, c’était aussi le projet d’autonomisation économique des femmes d’ONU Femmes.
Au vu du parcours de Marie Droh, il y a de quoi être fière : elle gère aujourd’hui magistralement un maquis stratégiquement situé sur la place de la Mairie de Danané. Le passé, elle en parle avec timidité : sa première fille naît lorsqu’elle a 16 ans : « tu la vois, on dirait ma petite sœur » ! La vie abidjanaise est désignée responsable de cette « imprudence » et elle part au village retrouver la famille et travailler dans les champs. La guerre au Libéria chamboule la vie de ces femmes dépendant du commerce transfrontalier. Pour sa part, elle suit un militaire libérien pour s’installer à Bouaké et enfante alors son fils. Suite à leur séparation, elle part à Abidjan pour tenter de gagner sa vie, et trouve de petits contrats. A nouveau, l’appel de Danané la redirige où la terre est plus douce que la ville : « on est toujours mieux chez soi ».
En 2010, elle ouvre son maquis. L’organisation des Amazones est depuis peu remise sur pied et de nombreuses femmes commerçantes profitent de la tontine et du soutien mutuel pour développer leurs activités au marché : pagnes, riz, mil rouge, chaussures, l’huile de palme et même le vivrier. Marie Droh devient présidente de l’association Amazones en 2014 et pousse à l’entraide sociale au sein de l’association. Elle devient porte-parole auprès des autorités lorsqu’il s’agit de dénoncer les obstacles ou proposer des solutions.
C’est en 2014 qu’ONU Femmes rencontre Marie Droh dans le cadre du projet de réintégration socioéconomique des femmes vulnérables de Danané cofinancé par le UNHCR à hauteur de 192000 $ et ONU Femmes avec 50000 $, soit un financement global de 242000 $.
L’appui d’ONU Femmes visait à soutenir les organisations de femmes afin de promouvoir la cohésion sociale et la réintégration durable des femmes rapatriées du UNHCR par le biais du financement des activités génératrices de revenus au profit de 486 femmes dont 227 rapatriées et la sensibilisation sur la cohésion sociale au travers du réseaux d’associations dont sont issues les femmes bénéficiaires du projet. Le projet, pour ONU Femmes s’est limité à l’année 2014, mais les activités des femmes commerçantes fleurissent aujourd’hui, soit un an et demi plus tard. A Danané, 25 associations et groupements de femmes ont été financés, dont 15 au niveau de la commune et 10 autres dans les sous-préfectures du département. Le bilan sur la durabilité de cette intervention est incontestable : grâce à des organisations fortes et structurées, les bénéfices de l’appui ont servi de catalyseur et elles fonctionnent aujourd’hui, un an et demi plus tard. L’exemple de l’organisation productrice d’attiéké qui répond même à des commandes de Guinée, du Liberia et bientôt du Burkina Faso est frappant. Ces fonds ont donc servi d’investissement initial et ont permis de lancer des activités de production, transformation et de commerce qui sont encore plein de potentiels d’expansion.
Aujourd’hui, Marie Droh souhaite terminer la cour intérieure de son maquis, sous des palmiers et des bananiers. Elle rêve même d’en faire une maison d’hôtes pour les visiteurs de passage à Danané.